Je me rappelle le temps ou fraiche et fringante, je
traversais les tapis
Les machines électriques, les tubes et les sprays, sans
savoir mon chemin
Nous étions des milliers, semblables et innocents, sur les
routes de l’infini
Nous avancions toujours plus vite vers nos destinées de baladins
C’est au détour d’une route que je l’ai trouvée comme elle m’a
dénichée
Pas de négociations, pas de temps perdu, même pas le temps
de se demander
Si tout ca était écrit, ou si la société en avait seulement décidé
ainsi
Côte à côte nous nous installions donc, dans ce foyer fait
pour nos deux vies
Elle ressemblait tant à ce que j’avais besoin, une identité
semblable à mon être même
Dans ces atours de velours rouges, je me perdais, comme elle
se perdait dans les miens
Tous ces voyages étaient beaux, de la maternité aux
domiciles ou l’on n’y voyait rien
Son élégance, sa persévérance et sa fidélité étaient et sont
encore tout ce que j’aime
Un jour on nous a sortis, de cette obscurité qui n’était pas
si pénible à ses côtés
Et ensemble on a brillées, foulées à maintes reprises les
tapis de ce cet endroit
Un défilé quotidien d’êtres à cinq têtes, jumeaux, qui nous
prenaient pour essayer
Nous comprenions qu’un jour ils feront de nous plus qu’un
essai mais un choix
C’est un jour de pluie que le maître de magnifiques monstres
multi-céphalées
Nous a prises ensemble, dans un enthousiasme indescriptible
et calculé
Et pour tant de lunes
et soleils, nous a choyées, nous en avons parcourus
Des sols et des demeures, associées à la chaleur de nos
bourreaux nus
La compétition était ardus, d’autres que nous, plus jeunes
et plus alertes
Venaient s’ajouter au surnombre qui dans cette immeuble s’entassèrent
De toutes les formes et les couleurs, ils allaient tous
aussi d’amour et de paire
Nous sentions chacune que ce chaos nous mèneraient un jour à
la perte
Un jour arriva, ou mon amour, ma vie, celle avec qui j’avais
tout vécu
Rompis sa jambe sur un maudis pavé, j’ai souffert autant que
j’ai résisté
Mais c’était trop tard, plus d’immeuble, plus de voyage plus
de monstres nus
Et nous voilà encore enfermées dans ce foyer, certainement pour
l’éternité
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