Je sortais de ce bar, sans prétention aucune
Ni de me faire un autre, ou de battre mes lacunes
Quand se dressa à moi, une bien étrange affiche
D’une ballerine sur un ours, de celles dont je m’entiche
A fixer sans relâche, cette agréable esquisse
Aussi inanimée, que les rêves que je tisse
Fini par arriver, sans que l’alcool s’en mêle
Une simple absurdité, délire intemporel
Elle quitta son papier, paré de colles et d’encres
Pour prendre vie ici, sans peur et sans remord
Elle me sourit béate, puis vola mon décor
D’une révérence étrange, j’étais là dans son antre
Figé comme elle l’était, je ne sentais plus rien
Seuls mes yeux m’éclairaient, dans ce néant humain
Je la vis s’en aller, vers ce je ne sais où
Qui me sembla si loin, que j’en devenais fou
Elle avait pris ma place, ma chance de respirer
La sensation des pas, des odeurs, du toucher
Moi j’étais placardé, sur le moisi du mur,
Un ours là sous mes pieds, comme pathétique peinture
J’en ai vu des passants, des badauds, des mendiants
Ils m’ont tant ignoré, ils me voyaient avant
Un isolement étrange, qui en fait m’apprenait
Que la vie a un sens, quand on sait qui on est
C’est leurs regards perçants, qui te feront un ange
Ou le pire des démons, dans ce miroir étrange
Seul un plus égoïste, pourrais donc me sauver
Me quitter cet autisme, qui me rend saoul à lier
Je trouvai un jour, un ego avarié
Qui ne voyait que lui, dans cette vision tunnel
Aujourd’hui on le voit, dans cette rue affiché
Moi j’ai repris modeste, une vie plus naturelle
On ne saura jamais, ce qu’est donc devenue
Cette charmante ballerine, qui m’avait enseigné
A être plus humble et droit, et mettre mon âme à nu
Mais je lui souhaite au fond, la plus belle destinée
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