Pleurs










Quand je pleure je pense à lui, à tout ce qu’il aurait un jour été
A tout ce qu’il m’aurait donné et toutes les peines qu’il aurait tues
Toute la vie qu’il aurait encensée, les souffrances qu’il aurait enterrées
A l’homme qu’il méritait d’être, au père qu’il n’aurait jamais pu

Quand je pleure je pense à elle, à ses éternels maux et maladresses
Les faux de ses amours, l’incomparable oubli que les autres laissent
Je vois les punitions de ses erreurs, l’emprisonnement d’une solitude
Je fonds dans l’ironie d’une vie, qui ne vaut l’once d’ingratitude

Quand je pleure je pense à toi, à elle, à celles, que mes doutes ont meurtries
Je me reproche ma liberté, autant que je la chérie, la respecte et la suis
Car dans la chaire de l’impie que je suis, n’existe que l’éphémère d’une seconde
Les fleuves qui quittent mes yeux sont les reflets de ces amours infécondes

Quand je pleure je pense à la vie, ses surprises, et tout ce temps qu’elle nous méprise
Car Carpe Diem, ne serait être que le sursis de ces secondes qu’elle dévalise
Elle n’ose pas me rendre mes droits, et finalement m’emmène dans les pires mondes
Les plus insensés endroits, et tout ce néant qu’elle rend au moins si beau qu’immonde

Quand je pleure, je me souviens des temps où je n’étais qu’une étrange transparence
Un fantôme du soleil, dont on ne voyait que les lettres mais surement pas les veines
Toutes ces années où je marchais sans nom, sans même un soupir idyllique de l’espérance
Ces âmes qui n’pensaient pas, approcher là l’apôtre vénal de l’éminent Verlaine

Quand je pleure je panse enfin, les plaies ouvertes de leurs infâmes indifférences
Je me remplis de vide, mais j’emplis de force les océans de ma belligérance
Et rien ne couleras les goûtes qui engrainent là le trépas de mes pires tragédies
Car quand je pleure, je ne m’effondre, je ne tombe ou ne succombe, mais je revis 

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