J'ai froid

 












J'ai froid quand tes yeux se défilent
J'ai froid quand ta main oublie la mienne
J'ai froid d'être le dernier sur la pile
J'ai froid quand tu m'infliges la peine

J'ai froid quand je fais l'amour seul
J'ai froid quand tu dis "je", pas "nous"
J'ai froid quand ton humeur m'esseule
J'ai froid quand tu me tends ta joue

J'ai froid quand tu es loin de moi
J'ai froid à l'idée que tu me fuies
J'ai froid quand tu offenses mes choix
J'ai froid quand tu négliges ma vie

J'ai froid quand tu dors dans ton monde
J'ai froid quand ta chair ne m'innonde
J'ai froid quand tu n'es pas heureuse
J'ai froid d'en être la source vaseuse

Réchauffe mon coeur, réchauffe mon corps
Aime moi, désire moi, demande de moi encore
Brûle moi de tes sourires, de joie, enflamme de tes mercis
L'amour qui en moi gèle, quand tu le mets en surcis


 

Sens unique

 












Combien de routes à prendre? Pourtant je m'obstine bien
A chercher les étroites, les plus endommagées
Celles sans aucunes options, sinon de les suivre vers rien
Ces sens uniques pervers, ou l'on finit piègé

Conduire sur une route droite, c'est le plus difficile
La marche arrière en panne, on avance dans le mur
Car la route égoiste, jamais ne se défile
Elle vous emmène vers ça, tyrannie et blessures

Vous pouvez discuter, descendre de la voiture
Elle vous fait remonter, dans son propre intérêt
Vous êtes le voyageur, qu'elle a choisit pour sûr
Son chemin sans retours, est aussi sans arrêts

Son bitume est glacé, une voie trop obstinée
Les fleurs que vous semez, les soins tant prodigués
La douceur que vous offrez, ce que vous sacrifiez
Glaceront sur sa banquise, sens unique, pas partagé

La route attend sagement, que vienne son horizon
Que le soleil la touche, que vos pneus la caresse
Entretien et soutien, pour ce chemin qui blesse
Je prends le frein à main, et j'attends l'explosion


Remplaçables

 









 


On est tous remplaçables, bouts de chair identiques
Peu importe la magie, peu importe toutes les heures
Quand arrivera le temps, ou l'on change, ou qu'on meure
Un semblable viendra s'asseoir, sur ce qu'on revendique

Après toutes ces années données, au monde capitaliste
Tout ce temps à se battre, pour honorer sa tâche
Les entreprises oublient, qu'une personne, elle, existe
Et elles vous oublieront là, aussi sévères que lâches

On se prend des amis, que la distance détruit
Ils étaient tout pour nous, mais ne subsiste qu'un nom
Écorché sur une lettre, ou sur une liste sans vie
Qu'Internet n'efface pas, mais d'autres substitueront

En amour c'est pareil, peu importe la personne
On veut juste être moins seuls, et on remplit son lit
De modèles identiques, et son coeur, de sosies
Inutiles? Peut-être bien, mais c'est ce que nous sommes...

Héros


 









Cette nuit-là de souffrance, un homme se lamentait
Dans l’alcool et les rues qui vers rien le menaient
Qui l’emportaient au fond, de ses peurs et ses peines
Pour un amour meurtri par les doutes qu’il entraine

Quand on ne croit plus en rien, même pas en soi même
Il faut du quotidien, qu’il convoque ses héros
Pour allumer l’espoir, dans cette souffrance bohème
Et rendre à l’être humain, le droit de voir plus beau

Ce sont deux étudiantes, qui un verre à la main
On remit un sourire, sur sa bouche trop nouée
C’est une fanfare de rue, qui a rendu ses pieds
A cet homme immobile, en bons samaritains

Finalement, c’est un couple qui lui sauva la vie
Quand il n’avait pas vu, arriver ce taxi
Et un jeune homme altruiste, le déposa chez lui
Pour lui donner la chance, d’oublier cette nuit

Vous héros ordinaires, merci d’avoir croisé
Le chemin d’un badaud, un peu désespéré
Il a retrouvé en vous, cette belle humanité
Il a revu le jour, pour enfin avancer

Inutile












Il lui disait souvent, la regardant d’en bas
Laissant bouillir son sang dans son cœur bouleversé
Qu’il ne fallait attendre, on ne vit qu’une fois
Les comptes ne sont à rendre, que si c’est terminé

Il lui parlait souvent de ses rengaines anciennes
Qui restent avec le temps et qui trahissent bien l’être
La vie ne se vit pas si la passion l’aliène
Mais il n’oubliait pas que son amour n’est traitre

Il regardait parfois les rivières de ses yeux
Pour lui c’était un poids, d’avoir à observer
Les larmes qu’il fit jaillir, d’un cœur pourtant heureux
Ne craignant pas le pire mais touché du passé

Il se disait parfois qu’il n’était pas celui
Qui en touchant du doigt, ferait naitre l’amour
Ni l’homme qui lui fallait pour embellir sa vie
Il se voyait baudet, jusqu’à la fin du jour

Elle oublia un temps ce qui faisait ses peurs
Et à son étonnement, retrouva le sourire
Celui qui dit doucement : « je suis bien dans ton cœur »
Et qui laissa ces gens s’amuser et revivre

Pont des Arts


 











Sur le Pont des Arts, j’ai vu la Tour Eiffel
Illuminée par de douces étincelles
Que j’admirai, accompagné de celle
Qui partageait en elle, ces minutes éternelles

Sur les cadenas gravés, par de misérables hères
On imagine l’amour et le temps qu’il enterre
J’ai regardé le banc, là où nos deux noms gisaient
Ils ont bien disparus, comme tout ce qu’on promet

Sur le Pont des Arts, j’ai regardé la Seine
Les clefs qui en elle nage, sont les clefs de la peine
Car quand on scelle l’amour, il rouille et il s’efface
Pour y prendre le vent et balayer sa trace

Sur le Pont des Arts, les moustiques sont lucioles
Car la magie y règne et l’espoir flotte et vole
Peut-être un jour nos cœurs, ouvriront les cadenas
Qui on fait que toi et moi, nous étions mieux que çà

Tu n'as pas vu
















Tu n’as pas vu les yeux, des congolaises violées
Les martyres de la guerre, les larmes des démunis
Tu n’as pas vu le cœur, des enfants oppressés
Les images de l’horreur, la terreur de l’oubli

As-tu quelques souvenirs, des railleries des enfants
Qui dans leurs mots sincères, t’infligent d’être différent
Te rappelles-tu les heures, bercées par la souffrance
Où seules tes larmes parlaient, à leur indifférence

As-tu  perdu ton père, sans trop savoir pourquoi
Dans les cris de ta mère, qui s’épuisait pour toi
Son corps disparaissait, du monde que tu abhorres
Pour t’infliger cette peine, qui te rendait plus fort

As-tu aimé si loin, que tu t’en es détruit
Renaissant dans l’aurore, d’un amour illusoire
As-tu  puisé ton corps, des minutes de ta vie
Pour tomber au final, dans un chaos notoire

Tu n’as pas vu Marseille, le soleil d’Alicante
Les capitales d’Afrique, les campagnes des Balkans
Les coraux Australiens, le Paraguay qui chante
Les crépuscules du Nord, et tous mes rêves d’enfant

Alors suis-moi plus loin, pour des atolls en fleur
Des milliers de visages, de peines et de bonheur
Et prend cette main ridée, des passages du destin
Pour rêver éveillée et croire aux lendemains

Humour


 













Il faudrait en avoir, mais il n’est pas facile
D’utiliser les mots ou trouver les bons gestes
Sans paraitre aussi bête qu’un lourd un peu débile
Ou bourré d’humour noir, obscène, voir même, burlesque

Dans la contrepèterie, le choix est dans la date
Car une fois résolue, le doigt est dans la chatte
Je peux chercher une chute en guise de parachute
Mais elle se transformera en un drôle « char à pute »

Le comique circulaire, ou de répétition
Peut faire un peu sourire, ou faire rire aux éclats
Le comique circulaire, ou de répétition
Peut faire un peu sourire, ou faire rire aux éclats

Reste le comique absurde, que mon chien m’a appris
Quand j’ai percé mon bras, pour manger du jus d’fruit
Ce qui est donc idiot, car les chiens ne parlent pas
La bouche pleine, et mes pommes, ne sont pas dans mes bras

Et toutes ces blagues de cul, qui nous font tous sourire
Je sais bien où leur mettre, à ceux qui les inventent
Mais pourquoi survit aussi, ce qu’il y a de pire
Les bananes, les seaux d’eau, ceux qui pètent et qui chantent

On dit qu’une femme qui rit, est à moitié au lit
Alors je vais me taire, la mienne y est déjà
Sans sketchs, sans jeux de mots et sans cadavres exquis
Il n’y a pas de vaudeville, mon humour c’est juste moi