Possession











Qu'ai je dans mon maigre bagage? Quelles raisons d'espérer?
De porter ce seul nom ou bien de mourir seul?
De n'avoir que ma faim pour l'envie de manger
Ou mon cœur pour aimer, les méandres de ce leurre?

Suis-je donc maître de ce temps, que personne n'organise
On le subit, le compte, mais rien ne s’éternise
Quels sont les routes, que seuls mes choix décident
Quels seront les alcools, qui combleront ce vide?

Mais je ne possède rien, et connais la chanson
On n'chante que le refrain, mais on oublie les paroles
La vie est un chantier, mon cerveau est maçon
Si mes pieds eux sont liés, mon esprit lui s'envole

Alors dans le rien que l'on a, surgit l'absurdité
La vie, l'amour, la joie, comme essence de l'espoir
Chaque échec qui accable, est part de vérité
De ce que l'on porte en soi, un autre faire-valoir

Que ce qui m'appartient, aussi maigre soit-il
Soit une lumière en moi , et qu'un battement de cil
Me définisse autant, que les choses que je gère
Seul fils de mes parents et seul prince de mes terres

J'irai cueillir pour vous














J'irai cueillir pour vous, les fruits les plus juteux
Les cornes d'abondance et les berceaux de vie
Les bourgeons de l'amour, les rosée de l'envie
Les pas des premières danses, les secrets des heureux

Ce que la peur détient, vous ne savez lui prendre
Quand chaque matin renaissent, les lumières du bonheur
La joie d'être vivant, de renaître de ses cendres
Vous glisse entre les mains et n'passe pas par vos cœurs

J'irai cueillir pour vous, la fleur qui fanera
Car c'est l'instant qui vit, cette vérité éclose
Vous voulez l'oublier, soyons, puis on sera
Vous qui n'êtes déjà plus, moi je respire la rose

Le monde a ses défauts, que la nature rappelle
Les hommes sont l'animal, leurs avis se querellent
Prédateurs c'est l'espèce. Les hommes sont minéraux
Les usines les transforment, alors qu'ils ne sont qu'eau

Alors j'irai cueillir, ce temps qui vous échappe
Ces moments qui vous croisent, le plaisir qui vous manque
Quand vous aurez prévu, assuré les étapes
Vous pourrez expirer, tout votre argent en banque

Alors j'irai cueillir, les raisons d'exister
J'irai chanter la pluie, j'irai croquer le vent
Dans mon œil de poète, la vie est la beauté
La beauté c'est maintenant, vivons tant qu'il est temps



Colère















Il y a ceux là qui cassent des verres,
Ceux qui pleurent ou tous ceux qui crient
Les abonnés à la misère
Les terrorisés de l'oubli

Il y a ces femmes qui sont trahies
Il y a des hommes sous la folie
Que seul le feu de la fureur
Peut enfin apaiser leur cœur

Ça peut être un mot ou l'alcool
L'impatience, le désespoir
Cette souffrance que l'âme ne peut boire
D'insultes et de violences décolle

Incontrôlables on cède enfin
A ce cumul de frustrations
Porté de haine ou de passion
Mais si peu de raison, soudain

On frappe, on châtie, certains tuent
D'autres se mutilent ou s'emprisonnent
Dans cet état qui empoisonne
Sans que jamais on l'ait voulu

Alors on rompt ou on regrette
On reprend aussi bien qu'on rejette
Mais cette émanation d'émoi
N'est rien d'autre qu'un reflet de soi

Alors que personne ne les mange
Les fruits amers de la colère
Car même si elle monte et vous démange
La sagesse dit de ne rien faire




Mais quand Paris













Parce que Paris est un cimetière, d'autant de rêves brisés
De souffrances, de peines, de révolutions ratées
Une masse grise et austère, qui se noie dans la Seine
Le néant qui s'étale, comme la peste dans nos veines

Parce que Paris les accumule, les mendiants et les misères
Les boulots qui nous acculent, les transports qui nous enterrent
Quand l'argent est volatile, les pigeons sont sédentaires
La solitude, les gaz, la ville, sont l'âme de cette poussière

Mais quand Paris s'allume les avenues prennent feu
Les néons s'embrasent et les plans se dessinent
De brasier de l'espoir, est de dessin de vœux
De meilleurs lendemains et de soirées câlines

Mais quand Paris explose, pour la fête de la Musique,
Pour les causes qui nous révoltent, pour la paix ou la fierté
Paris est cent milles volts, une folie héroïque
Le sentiment que tout, peut naître ou arriver

Mais quand Paris romance, les cœurs et les esprits
Paris est la lumière, éternité de vie
Paris, centre du monde, Paris est pierre de verre
Paris est pierre de lune et sa chaleur est mère

Alors Paris nous improvise, nous fait peur et nous attise
Paris nous brise mais nous émeut, comme une brise qui souffle le feu
Et dans le temps qu'elle portera, Paris la belle rendra heureux
Ces badauds optimistes, qui succomberont à son emprise...




Le vase














Dans ce vase une rose, l'éclat de la beauté
Le vrai rapport aux choses, un bout de vérité
La porcelaine est sage, autant qu'elle est austère
Elle porte en elle l'adage, ce fragment de poussière

Derrière pose une photo, l'éternel bien figé
Dans le sourire brillant, de la vie incarnée
Des petits bouts de rien, qui ramène à l'amour
Des petits rien en bouts, qui nous aveuglent sourds

J'ai regardé l'image, j'ai revécu ta voix
J'ai pleuré mes entrailles, j'ai effacé ma foi
Dans une langueur violente, ma peine est taciturne

Les restes de tout ce temps, immobiles dans cette urne
Tu étais tant avant, et désormais si peu
La peine est intérieure, et le vide malheureux




Absence














Dans les langueurs hostiles, qui définissent l'absence
Le temps devient tangible, les aiguilles changent de sens
La solitude des heures, se multiplie soudain
Dans des soupirs en pleurs, des jours sans lendemains

C'est le cœur qui hiberne, sur cette banquise de rien
Et les jours qui trépassent, ne gardent comme unique lien
Qu'une douleur permanente, l’apesanteur de vivre
L'habitude est un leurre, que personne ne délivre

Parfois ce sont les cendres, de quelqu'un, de l'amour
Qui fatalement nous tuent, comme elles ont fait d'eux même
La mémoire ne suffit, car il n'y a de retour
Et le néant autour, se porte en anathème

Mais l'absence par l'attente, c'est la lueur d'espoir
Une raison de souffrir, de croire l'estompe du noir
Pour revoir la lumière, l'absurde à sa raison
Et le chants des prières, les clefs de cette prison


Souvenirs











On voit encore ces routes, les pavés de l'enfance
Les chemins de déroute, les rivières de souffrances
Les amis qui défilent et l'amour qui attend
Les échecs qui s'empilent et le temps qui s'éprend

On se rappelle les voix, les sourires, les baisers
Les amitiés sincères, les erreurs du passé
Les yeux de son grand père, les comptines de maman
Le manque d'estime de soi, le regard froid des gens

Dans chaque souvenir se cache, des bonheurs douloureux
Des émotions austères, des vérités cachées
Mais aussi des attaches, le besoin d'exister
Des plaisirs qu'on n'peut taire et l'envie d'être heureux

Je me rappelle leurs mots, les "je t'aime" qui ne sont plus
La chaleur de mon père, que la mort a rompue
Les yeux des animaux, qui partageaient mes peines
Tous les châteaux de verre et l'espoir dans mes veines

Les jours ont effacé, la mémoire de mon corps
Les sentiments voilés, par les années qui passent
Les cadres en noir et blanc que mon cerveau dévore
Ma vie est dans mon sang, mais son image trépasse

Lumière












J'allais pauvre erre, à la croisée des routes
Sans amis et sans frères, torturé par le doute
Je n’avais pas de nom, pas de terre, pas d'étoile
Pas de voix ni de son, seul le vide sur ma toile

J'ai épuisé mon cœur, sur des déserts sans fin
Et écoulé ces pleurs, le néant des refrains
J'ai traversé mon être, de souffrances et de larmes
J'ai rendu mes espoirs et déposé les armes

Mais soudain un éclair, une foudre providentielle
Des étincelles stellaires, des reflets irréels
Ont éblouis ma route, ont guidé mon chemin
Ces années de déroute, pour tant venu de rien

Tu es bien la lumière, le guide, le vent dans le dos
Toutes ces paroles sincères, dont l'amour est dévot
Cogito ergo lux, chaque pensée m’illumine
Quand je suis tu m'allumes, tu m'éclaires, réanimes

Brûle mon cœur de ta vie, incandescente folie
On survit comme on rit, au rythme de l’envie
Mon désir est ardant, de passion comme d'amour
Dans la lumière du temps, réveille alors mes jours


Terroriste















Je n'ai pas peur de toi, tu n'es que ces lambeaux
Cette poussière qui côtoie, l'absurdité qui plane
Au dessus de nos vies, les idées dans ton crane
Sont si fades et meurtries, que ton corps est de trop

Explose dans ta folie, égorge ton inconscience
Le monde que tu décris, n'est rien face à la science
Je veux voir tes entrailles, dans des déserts de peines
Ces hommes que tu mitrailles, ont l'amour dans leurs veines

Je ne connais de mots,dans les voix des prophètes
Qui appellent à la guerre, au sang, à la souffrance
C'est la paix leur héros, leur martyre, leur esthète
C'est l'amour qu'ils vénèrent, pas cette haine que tu penses

Alors terrorise nous, de baisers et de fleurs
De tolérance sincère, de différents bonheurs
Car l'être humain est tout, une unité réelle
Je suis ton fils, ton frère, soit un ami fidèle






Nue














Quand là tombent les étoffes, qui recouvraient ton corps
Sur le sol limitrophe, qui gît sous tes atours
Le monde prend enfin sens, le désir comme l'amour
Sont parfums d'indécence et magiciens du sort

C'est la beauté elle même, qui se soumet à toi
Sont tombées les limites, de la géométrie
Les dimensions crépitent, dans un éclat de joie
Ce bonheur que tu sèmes, le récolte ma vie

Ce sont tes hanches qui parlent, tes genoux qui aboient
Tes doigts qui m'emballent et tes yeux qui tournoient
La pointe de tes cheveux, qui fanent là sur tes seins
Pour tomber dans le creux, des courbes de tes reins

J'y vois enfin le cœur, dans l'origine du monde
Les lèvres du plaisir, où les miennes vagabondent
Et mes mains de voleur, dérobent ce qu'elles ont vu
L’allégorie du corps, qui t'as dessiné, nue



Matérialiste














Ma voiture est mon amie, un amour sous carrosserie
Et l'argent n'est pas leurre, c'est l'objet du bonheur
Mes habits sont ma peau, et mes bijoux bénis
Mes meubles sont ma raison et ma maison mon cœur

Les hommes sont friables, drogués aux sentiments
Moi je trouve adorable, ma belle bague en diamant
J'aime autant la romance, quand elle compte en euros
Les millions de ta chance, te feront mon héros

Pourquoi perdre son temps, dans tant de relations
La seule chose qui prévale, c'est le son des billets
Les aurores boréales, n'ont aucune émotion
Mais un nouveau manteau, est aussi beau que vrai

L'amitié m'est égale, les amours, utopiques
Les choses donnent plus et moins les autres m'attirent
La richesse est vivante, le reste est une relique
Je veux vivre pour gagner, pas gagner sans le dire


Psychologue















J'écoute tant bien que mal, leurs souffrances dévoilées
Ce que la vie perturbe, ce que la vie détruit
Ce qui fait que l'humain, dans sa complexité
A besoin d'un miroir, pour se parler de lui

Je lis dans les histoires, les névroses ensevelies
Les réponses évidentes, à un mal être vivant
Je donne les clefs de soi, à des âmes évanouies
Quand on sait qui on est, on sait ce qu'on prétend

D'une empathie sincère, j'ingurgite l'émotion
De patients ordinaires, aux parcours si changeants
Je me mets à la place, dans leur détresse au fond
De ceux qui sont trop faibles, pour affronter l'écran

Il n'y a de thérapie , qui ne soit efficace
Que si je suis honnête, et qu'en les hommes je crois
Car on ne sauve que soi même, et mon âme dans la glace
Ne sera apaisée, sans l'harmonie en moi


Le train














Au train des choses on traîne, une chenille temporelle
Nous assied sur un trône, mais nous y sommes tous rois
Chaque arrêt se ressemble, mais pourtant rien n'est pareil
Un regard, un sourire et le chemin change de voie

C'est d'une certaine miséricorde, que de savoir déjà
D'où l'on vient et où l'on va, tracé sur des barreaux de fer
Seules les routes sont belles, mais les siennes se noient
Dans les méandres d'un temps, que l'on contrôle amers

Pourtant habité de chaleur, les wagons racontent la vie
Des débuts et des fins, mais de corps immobiles
Lui y pleure, elle y lit, lui y meurt mais elle y rit
Les tickets pour le vent, s'achètent aux cœurs des villes

Alors sans hésiter, on monte dans la machine
Les inventions de l'homme, sont un peu de sa chaire
Une vitesse alcoolique, une vapeur de vie sur terre

Au train, au voyage et aux rêves qu'ils dessinent

Adieux aux larmes









Ou sont passées les larmes qui autrefois mouillaient
Les joues de mon enfance, les yeux de ma jeunesse
Les illusions perdues, les incessantes tristesses
Qui parlaient de mes peines, quand le deuil me perçait

Je ne sens plus les crampes, quand je pense à l'amour
S'est achevé ce temps, ou je mourrai chaque jour
Voyant le bout de tout, dans le retour à rien
J'ai cru que mon destin, c'était souffrir demain

Je me réveille maintenant, l'iris sèche du néant
Et je ne sais plus voir, quand l'eau vitre mes yeux
Car dans ma raison d'être, il y a vivre en rêvant
La chance d'être vivant, le besoin d'être heureux

Alors adieux mes peines, je ne vous comprends plus
Ce que vous proposez, je l'ai déjà vécu
J'attrape le jour au vol, et vole au jour l'espoir
Mon regard comme une arme, je tire sur mon histoire



L'amour en kit











L'amour est sans notice, c'est une armoire en kit
Bien avant d'y ranger, sa vie et ses bonheurs
Il faut comprendre le sens, des maux et des erreurs
Les fondations qui craquent et le cœur qui s'effrite

Chaque étagère porte le poids, des souffrances que l'on traîne
Des relations perdues dans un temps perméable
Les amourettes d'un soir, les aventures trop vaines
Du vice qui s’immisce dans cet univers instable

Puis on prend les outils, dans sa main optimiste
Que l'on tend à la vie, au bonheur qui s'étale
Et on battit de rien, le pourquoi on existe
Toutes ces raisons d'y croire pour que la joie s'installe

On martèle de courage les passions qui nous tentent
Puis on démonte impuissant, ces œuvres aventurières
Qui font monter au ciel, aussi vite qu'elles enterrent
Et remonter l'horloge, c'est dévaler la pente

On reste alors désemparés, dans cette chambre bien trop vide
Où gît ce meuble d'espoir, effondré sans raison
On regarde le miroir, et on comprend nos rides
Sans le bon mode d'emploi, il n'y a pas de maison


Handicap










Bravo l'autiste, dans les méandres de ta tête
Tu vois la réalité d'un improbable monde
Ses envies qui nous fuient, toi tu les fête
Dans ton scaphandre doré, c'est l’inouï qui t’inonde

Bien vu l'aveugle, tous les sons qui t'habitent
Sont autant de tableaux, aux couleurs imaginaires
Des impressions d'ailleurs, des paysages lunaires
Et la chance de ne pas voir, la laideur tu l'évites

Et toi dans ton fauteuil, ça marche bien en tout
On dit que ceux debout, vivent la vie à genou
Toi tu trônes constamment, le roi de l'espoir, pas des cons
Chaque effort est une montagne, le ciel te touche le front

Quand à toi petit homme, tu vois comme un enfant
Et peux garder tes rêves, être nain c'est être grand
Car le cœur n'a pas de taille, et quand on est petit
C'est pas la vie qui rétrécit, mais bien l'amour qui grandit

Aux borgnes, obèses, aux trisomiques et aux difformes
A ceux qu'ont montre du doigt, car ils sont trop hors normes
Aux sourds, aux polios, aux tics et tocs, ceux qui entendent mal

La différence est une force, et le vrai handicap, c'est d'être normal


La machine à café













J'en ai vu des disputes, autour de mes breuvages
Des directeurs furieux, des secrétaires en pleurs
Des candidats frustrés, des vieux qui tournent la page
Des amitiés sincères et des amours qui meurent

Je distribue au temps, la chaleur des boissons
La caféine gratuite, l'énergie illusoire
Pour des minutes esclaves, dans ces bureaux d'histoires
Mes cafés sont bien courts, mais l'ennui est trop long

Spectatrice immobile, du quotidien des hommes
Je n'envie ni leur stress, ni leurs passions déchues
Dans tous les thés qu'ils boivent, moi j'établi la somme
De la morosité des illusions perdues

On me rempli chaque jour, de la drogue du travail
Celle qui vous assomme, qui tue et qui écaille
Mais comment vivre ailleurs, quels outils du bonheur
Pourraient mieux soulager, que le goût d'un café





Ta secrétaire














Tu la regarde assise, ta charmante secrétaire
Derrière ses lunettes bleues, tu devines des envies
Les factures sont un leurre, c'est sa voix qui t'éclaire
Tu rêves de ses dessous et d'ébats dans son lit

Elle obéit à l’œil, à tes caprices pervers
Aux appels trop tardifs et réunions du soir
Tu lui demandes l'heure, mais c'est autour d'un verre
Que tu veux au plus fort, tes mensonges lui faire boire

Chaque email est une raison, pour glisser ces mots doux
Que ta femme n'entend pas, et tes enfants ignorent
Tu vendrais ton royaume, pour redevenir fou
Et vivre dans ses vingt ans, la vieillesse de ton corps

Puis un jour elle dit oui et fait tomber le voile
Derrière tous ses atours, l'ambition se dévoile
Pour quelques gouttes de toi, elle atteindra ses buts
Une émotion d'un soir, pour abréger la lutte

C'est de jours en semaines, que ton plaisir paiera
Pour ses caprices véreux et ton monde qui s'écroule
Car quand elle est prend du grade, c'est ton navire qui coule
L'alcool, ta femme qui part, l'ego qui n'est plus là

Mais c'est une autre jeunesse, qui remplacera l’échec
D'autres jupes à soulever, inexpériences abjectes
Et comme seul soulagement, ces plaisirs qu'on oublie
Tu regarderas la glace, faire fondre en toi la vie




Demain













Tout le monde veut voir demain, mais aux portes du sommeil
Frappent les cloches d'une église, l'illusion ou le glas
Une petite mort, un vent, un passage irréel
Une apnée inconsciente, qui souffle ce qu'on sera

Quand les songes nous contrôlent, que disent les peines enfouies
Que racontent les souffrances, quels délices s'enrubannent
Quels fantasmes apparaissent, pour quelles vies qu'ont survit
Pour quelles batailles je meure, pour quel Graal tu te damnes

Les élans de la nuit, sont des prières mortelles
Qui font d'hier l'oubli, tout autant qu'éternel
Le jour comme horizon, c'est un cœur qui s'agite
Le temps qui continue, le trépas qu'on évite

Quand je verrais demain, j'oublierai le passé
Ces rêves que l'on oublie, ce temps qu'on a vécu
Dans l'abysse de l'esprit, cette conscience partagée
Qui vogue dans l'espace-temps, tout comme une mise à nu

Dans ma tête j'ai été, j'ai crée, résisté
La vérité m'oppresse, j'ai voulu existé
Pour ces heures sentinelles, du château de demain

Suis-je donc passé à tout, ou suis-je devenu rien

Martingale












Je mise à mon désir, sur les cases de la chance
Car c'est mathématique, toutes ces billes qui s'élancent
Ne peuvent braver les lois, même dans leur légèreté
Du rationnel sacré, des probabilités

Quand le noir nous domine, le rouge gagne en valeur
Car à chaque tour d'absence, se rapproche là son heure
Toutes les défaites sont belles, car la victoire à temps
Comblera la souffrance, c'est le gain qui attend

Chaque jeton prend son sens, dans ce machiavélisme
Les sacrifices indispensables, paraissent là anodins
Quand il faut dominer le monde, le choix c'est l’égoïsme
C'est bien pour gagner tout, qu'on se contente de rien

Le moment clé survient, et le bonheur s'installe
Le jour après la nuit, la pluie puis le soleil
D'une victoire annoncée, pourtant je m'émerveille

Et j'emporte ma fortune, grâce à la martingale

Allitérations














La ferveur qui fermente, enfermée dans mon feu
Foudroie ici l'infâme, ces frissons qui m'enferment
Feroce je fonce et file, ma force n'est pas frileuse
Je ne fuis que les failles, que mes efforts renferment

Je suis les sons suaves, des sommets qui sommeillent
Dans les sillons sauvages, d'un succès qui m'appelle
Instable et incensé, j'essaierai d'encenser
Ce que m'inspire l'espoir, la saveur d'exister

Le long des larmes lentes, qui lascèrent ma lumière
Je lamine mes lacunes, limites qui prolifèrent
Pour élever mes élans, et libérer mes cîmes
Allumer bien habile, cette vie qui s'illumine

Rêveur et irréel, le rationnel retient
Les rondeurs de mes rimes, les rouages de mon art
Mais rien ne rompt ce droit, l'urgence de mes retards

C'est écrire pour y croire, créer ou n'être rien


Voilée












Ton regard s’interroge, que veut dire ce tissu
Ces étoffes qui me cachent, ces motifs qui me couvrent
Il y a ce qu'on voit, et ce qu'on a pas vu
C'est bien plus que mon choix, c'est ma culture qui s'ouvre


Je n'ai pas le pouvoir, je dois poursuivre le vent
Les images de mes ancêtres, les raisons de mon sang
Qu'importe le monde autour, je choisis par amour
De suivre les mots sacrés, que je sois contre ou pour


La femme est un péché , pour ceux qui prient Allah
Elle est la source du vice, elle mène vers les erreurs
Je crée tous ces délices, par la forme de mes rondeurs
Et je dois respecter, qu'on efface cet éclat


Mais je ne m'oublie pas, la femme a ses atours
Je peux mettre en valeur, dans la lumière du jour
La beauté que mon mari, accepte de partager
Aux yeux des autres gens, sans me déshonorer


Laissez moi subsister, soumise mais pas perdue
Je respecte ma vie et les mots que j'ai lus
Je donnerai la vie, et respecterai mes pères
J'éduquerai mes fils, comme je soignerai ma terre

Sur le palier










Voilà sur le palier, tes affaires et ta vie
Puisque l'égo meurtrit, la passion et l'amour
Parce que tes choix dominent, et moi je les subis
Etre autant pour quelqu'un, c'est être la nuit d'un jour


J'ai dormi dans tes bras, j'ai vécu dans tes rêves
J'ai sauté dans le vide, j'ai plongé dans ton coeur
J'ai raconté le monde, dans les mots de ta sève
Et franchi les années, comme on  efface ses peurs


Toi tu viens nonchalant, me dire que c'est fini
Que le temps change les gens, que le monde évolue
Qu'il faut prévoir demain, que l'amour ça s'oublie
Que ce qui rend plus faible, pour autant ne nous tue


Moi j'entends que tu mens, que tu as vu ailleurs
Un apperçu du temps , une éclipse du bonheur
Dans un instant de rien, se grave au plus profond
La souffrance et la haine, l'amour qui tourne en rond


Tu t'excuses, tu bafouilles, mais tu n'as pas compris
Les mots blessent, les mots tuent, le vent l'emportera
Je girais à la porte, mais tu n'emporteras pas
Les histoires qui m'habitent, ma force, ce que je suis


Adieu absurdité, tes valises parlent d'elles même
Tu vaux bien le passage, mais ton coeur est futile
Peu importe qui tu sois, je sais que je moi je m'aime
Je suis la funambule, et ma vie est  mon fil

Demi frères












Etre frères c'est déjà, un partage de nos cœurs
Le sang mêlé d'un père, des promesses de bonheur
Multiplié par deux, la joie est un cadeau
Mais la peine et la mort, c'est le pire des fléaux

Nous nous appartenons, nos visages et nos mots
Nos histoires si semblables, dans nos vies improbables
Au delà des voyages, nos mondes sont des sanglots
Qui portent et nous élèvent, autant qu'ils nous accablent

Mais nous sommes des demis, partage inéquitable
Tu comptes autant pour moi, que l'entier que nous ne sommes
Que la vie qui m'anime, et les peurs qui m'assomment
Nous sommes indépendants, nous sommes aussi semblables

Tu rêves autant que moi, chaque jour est un combat
Mais tu veux voir demain, survivre pour le meilleur
Le paradis d'ici, est un Eden ailleurs
Restons bien qui nous sommes, ici est aussi là

Je donnerais ma vie, pour que tu vives la tienne
Que tes enfants soient bons, qu'ils y trouvent leur raison
Que la joie te dévore et que l'amour leur vienne
Je vis autant par toi, que je vis dans son nom

Mon frère tu n'es demi, que par définition
La famille que l'on est, ce lien indestructible
Est une ode à la vie, les murs de ma maison
Sont le béton de nom, cette encre indélébile







Tours














Tourne la Terre, comme tourne la chance, 
Ce qui nous serre et ceux qui dansent
Tournent les jupons, de toutes ces filles
Les têtes des hommes, les yeux qui brillent

Tourne les ballons, les balles, les pions
Autant de jeux qui passent le temps
Et l'horloge tourne comme la raison
Qui se détourne quand tournent les vents

Je tourne autour de moi, de tout
Des envies, des valeurs, du jour
Un seul chemin sur mon parcours
Refaire des tours à tordre mon cou

Quand on fait le tour de l'amour
Le tour de nous, de nos envies
On ferme les yeux et fait le sourd
Et on reprend un tour de vie

Tous les tours qu'on fait valent la peine
Qu'ils finissent carrés ou ovales
La vie est circulaire, morale
Mais les routes ne savent où elles mènent




Cleptomane














Elle le regarde fixe, cet objet qui la tente
Au delà du pouvoir, que le larcin procure
Elle y voit la victoire, dans cette envie latente
Une réussite malsaine, mais qui elle la rassure

Parfois c'est calculé, le chemin est tracé
Les mots sont préparés et la fuite assurée
Parfois c'est spontanée, un vol à l'arrachée
Le besoin d'exister, voler c'est respirer

Les étalages lui offrent, en jardins éphémères
Les fleurs empoisonnées, qui la feront renaître
La peur d'être attrapée, adrénaline suprême
La fait se balancer, sur le filin d'elle-même

Elle est le vent qui souffle, chaque bourrasque diminue
Ce que les gens avaient, ce qui était à vue
Elle se faufile en eux, puis disparaît, gitane
Cet amour est risqué, gare à toi, cleptomane

Chef d'oeuvre












Je les regarde ces phrases, ces idées qui m'enivrent
Elles sentent le poids des ans, un étrange absolu
Ce besoin d'arriver, à ce que j'ai voulu
Ce besoin d'exister, sur le recto des livres

Je suis longtemps tombé et j'ai longtemps dormi
Pour des ébauches amères, d'une oeuvre à demi mot
Pour des poèmes éclairs, et des éclats de vie
Je n'ai pas su dire là, ce qui viendra bientôt

Il faudra peu de temps, avant je n'éclate
Avant que sorte de moi, l'essence de mon génie
Je suis tombé parfois, tiré les mauvaises cartes
Mais j'ai gardé en moi, la beauté de mon cri

Mon oeuvre va apparaître et sortir de l'oubli
Je vais enfin créer, ce qui fera de moi
Pas seulement de mon être, mais aussi de l'écrit
La grandeur du talent, le nom de mon exploit

C'est bien là mon chef d'oeuvre, c'est ça ma raison d'être
Qui va éclore dès lors, que mon corps implosera
Autant de métaphores, qui déjà me pénètrent
Se sublimeront ici , au rythme de ce choix

Samedi soir














Ce soir seigneur mon père, je vais quérir la main
D'une gente demoiselle, que je prendrai demain
En grandes fiançailles, pour bien aimée. Ma mie
Je ne vous connais point, mais suis déjà épris

C'est enfin l'heure du bal, mon trois pièces bien taillé
Et mes gants à la main, je pars vaillant, à pied
Sur les chemins bien sombres, vers le village voisin
Où j'inviterai une dame, à partager mon vin

C'est la boule à facette, qui fait groover les corps
La chaleur monte en moi, sous leurs belles robes à fleurs
Les filles trémoussent, la nuit nous pousse encore
Dans la paix et l'amour, à faire danser nos sœurs

J'ai trouvé une nana, bien cool et bien foutue
La techno nous transporte, et déjà je l'emballe
Je m'en fiche de son nom, mes deux mains sur son cul
Je lui ferai l'amour ici, aux toilettes ou la rue

Je la kiffe trop la go, je me la kenne sans fin
Rien à battre de son âge, on baise quand on a faim
L'amour c'est pour les vieux, et puis çà sert à rien 
Jouir au présent c'est frais, rien à foutre de demain





Egocentrisme















A l'ombre de nous même, perdu dans l'ombre des autres
La seule armure qui vaille, est le défi de soi
Le reflet que l'on sème, autant Dieu que l'apôtre
C'est au delà des lois, qu'on décide de nos droits

Perdus dans les allées, d'âmes et cœurs qui fuient
On cherche en vain la foi, la vérité d'autrui
Puis le miroir nous frappe, il n'y a d'être qui soit
S'il n'a conscience de lui et de la vie qu'il voit

Personne ne peut dicter, l'image qu'on veut décrire
Du monde qui nous entoure, et des gens qu'on voit vivre
Personne ne peut juger, la nature que l'on est
L'essence de ce que l'on prouve, la valeur de ce qu'on crée

C'est sans guides et sans livres, que je décide de moi
Que je perçois ma vie, et que j'invente mes lois
Je suis à mon image, et c'est mon seul modèle
Car mon regard ne porte, que sur mon essentiel


Faim












Chaque miette qui tombe, dans l'escarcelle du vide
Est un repas qui meure, au fond de mes entrailles
Chaque poubelle que l'on vide, c'est mes veines qu'on entaille
Je n'ai plus que le vent, comme aliment valide

Je regardes mes os, ils décrivent mieux mon corps
Que le peu de peau qui reste, sur mon être en charpies
Je n'en veux pas à dieu, et j'accepte bien mon sort
Mais dans mon coeur qui pleure, c'est mon ventre qui crie

Certains rêveraient de steak, de couscous, de tapas
Moi je supplie les jours, pour un bout de pain vieux
Les plats qu'on jettent sans fin, que personne ne ramasse
C'est la faim que l'on rejette, la pitance des envieux

Au secours, venez en aide, au miséreux branlants
Vos déchets et vos surplus, sont des dîners dansants
Des déjeuner sur l'herbe, saveurs gastronomiques
De ceux qui veulent manger, salut antibiotique

Pourquoi produire autant, quand les frigos s’inondent
Des repas indécents, que 10% du monde se paye
Alors que d'autre en crève, cet équilibre immonde
Est sans coeur et sans honte, et la justice sommeille




Procuration











Dans ses pas je survis, je crains, je vole, je vis
Pas une idylle ne croit, quand je ne suis pas en lui
Pas une vérité ne parle, tant que sa voix ne sort
Que son sang ne coule ou que s'agite mon corps

Pas un mot n'est plus fort, que la foi qu'il transmit
En la vie, en l'amour, en la peur et les erreurs
Pas une seule minute, ne compte dans la folie des heures
Les leçons transparentes, de l'absence et de l'envie

Je vis la procuration, d 'un père par imagination
Qui a cru bon détruire, ce qu'il avait de lui
Pour réduire en poudre, les ficelles de ma raison
Les bases de mes croyances et le rythme de ma vie

Pas de bases, pas d'objectifs, la peur comme déjeuner
Pas de force, pas de bon sens, la souffrance d'exister
Mais dans ce qu'on est pas, qui peut encore blâmer
Car c'est le présent qui parle, pas les maux du passé

Ce que tu n'es pas, est tout ce que je ne sais plus
Ce que tu n'voulais pas, en quelque sorte mon dû
Mais au final l'oubli, est le seul remède qui vaille
Car ce que tu n'es pas, est le noyau de mes failles