Facture












J’ai ouvert ce matin, les courriers de mon cœur
Quelques avis d’passage, des mots doux, des rancœurs
Mais surtout la facture de tant d’années d’amour
Addition bien salée, d’un achat sans retour

J’ai étudié longuement, le détail de ma conso
Des vacances, des weekends, des rêves un peu trop beaux
Les sentiments qui naissent, les romances qui emportent
Et toutes les douces tendresses, qui prennent un jour la porte

Hors forfait d’attention, de don de soi, de larmes
Trop de temps inutiles, à vouloir prendre les armes
Pour sauver l’utopie, du bonheur qui attend
Les services qu’on souscrit, ne valent pas ceux qu’on rend

On prend de nouvelles lignes, quand le coût actuel
Ne vaut ni les promesses, ni la routine qui tue
Numéros bien spéciaux, pour les désirs charnels
Et surcharges abusives, pour ce manque de vertu

Je n’aurai pas les moyens, de payer ce passé
Imprimé dans mon âme, mon compte sera bloqué
Impossible de brûler, ce papier avarié
Ma facture des amours, restera impayée

Dés












Je prends dans ma main sûre, mes cubes de destinée
Incrustés de points noirs  sur un beau blanc crémeux
Je les regarde en coin, comme pour communiquer
Et pour leur rappeler, l’espoir qui vit en eux

Je les écrase bien fort, et entre mes doigts, souffle
Peu importe mon haleine, c’est l’air de la fortune
Des projets qui m’habitent, des rêves que je maroufle
Un 4, un 2, un 1, pour décrocher la lune

Je les secoue enfin, avant de les jeter
Sur le green de l’argent, le stade de la richesse
Les pupilles dilatées, tout le monde est en liesse
Pour voir le résultat, de ce premier lancer

Un sur trois c’est déjà, le tiers de l’espérance
Je pousse le 2 à gauche et reprends les deux dés
Qui n’ont pas voulus être, égéries de la chance
Et refais les mêmes gestes, pour ce deuxième lancer

Le 4 vient s’ajouter, et mes projets explosent
Une maison à L.A., une Porsche cabriolet
Champagne à volonté, objectif overdose
Petit dé je t’en prie, le 1 et c’est parfait

Je le vois bien qu’il roule, mais il ne s’arrête pas
Les gens sont tous partis, mais ce n’est pas fini
C’est seul, désabusé, que là sonne mon trépas
Quand le croupier reprend, ce 6 qui me sourit

Avocat











Votre Honneur laissez-moi plaider pour ce pauvre hère
Poète de son état, il ne sait que les rimes
De métaphores en vers, à l’encontre de ses pères
Il est bien incapable, de reconnaître ses crimes

L’absurdité vénale, des dissonances qu’il crée
Ne le délivre pourtant du fruit de ses péchés
Les interstices s’immiscent dans la violence des mots
Qu’il ne peut pas comprendre tant il les vénère trop

Excusez lui le doute, sur tout c’que vous lisez
Il pense être un génie dans son fou théorème
Qu’il pourfend de ses phrases, et des idées qu’il aime
Sans voir ici céans, ses lourdes absurdités

Candidat malheureux, de la reconnaissance
Le jury doit comprendre que sa vision tunnel
Est due au monde présent et de son indécence
Il avait bien compris, que la vie n’est pas belle

Assassin du normal, on doit le condamner
A errer dans les pages de cette langue qu’il malmène
Il doit payer le prix, de ses idées bohèmes
Et de la liberté, qu’il veut légaliser

N’oublions pas pourtant, que le sang de sa plume
Ne guérira jamais les sociétés humaines
De l’art de faire rimer, mots vivants ou posthumes
Car ils sont innocents, tous ceux qui vous l’amène

Bus stop











I decided one day, not to go to my shop
And I sat on that bench, in front of my bus stop
Staring at these people, I never meet or smell
Missing work wasn’t bad, for what I had to tell

This neighbor I can’t bear, seems to be a good guy
I saw him help that man, crossing this nasty road
He is so old and blind, he shouldn’t even try
So my noisy alien, behaves much worse at home

This lady on my floor, doesn’t only buy bred
When she visits each day, in the dark of the shade
This baker she must love, from what I can observe
I could reveal all that, one would just lose his nerves

 I have also noticed, the expression kids had
On their novice faces, when entering the bus
A mix of pain and joy, between the good and bad
We create in others, the fears that define us

When I looked at myself, in the damn reflection
Of the stupid bus stop, the roads of perdition
Lead me to what I was, to the deep of my will
So when the next bus came, I jumped under its wheels

Matelas











Ah ça j’en vois des culs, des ronds et des plus durs
Parfois deux, parfois trois, mais ça déhanche pour sûr
On m’écrase, on m’effleure, mais on finit toujours
Par embrasser ma croupe, jusqu’au levé du jour

J’avais donné pourtant, dix années dans ce lit
Que cette femme adorait, jusqu’au bout de sa vie
Une fois elle est restée, des nuits, inanimée
Avant qu’ils ne l’emmènent, loin de mon corps usé

J’ai atterri ici, dans ce bordel allemand
Où passent heures après heures, des gens bien différents
Des badauds, des princesses, des salauds, des tigresses
L’activité est dense, dans l’antre de mes maitresses

On me tâche à chaque fois, jus rouge ou blanc charnel
Dans les cris et la sueur, je suis le brave hôtel
Des bons ou infidèles, qui viennent sur moi renaitre
Leurs plaisirs éphémères m’éclairent comme ils m’enterrent

Je finirai surement, sous un pont trop humide
Avec comme dernier roi, un clochard écœurant
Couvert de ses morpions, et du gras de son bide
Qui m’achèvera avant, la décharge qui m’attend

Les tricoteurs














Dans notre société, persiste une drôle d’espèce
Leurs métiers à tisser, bien encrés dans leurs bouches
Fabriquent une vaine étoffe, qui ment comme elle agresse
Venin de ces veuves noires, les mots en sont la souche

Ils tricotent des histoires, de pelures et de laines
Qui vous démangent le cœur, allergique aux mensonges
Et n’habillent que de honte, ceux qui ont dans leurs songes
Cru toute cette mise en scène, de points de croix de haine

Les aiguilles à la main, celui là veut faire croire
Qu’il est tisseur fidèle, qui comme une Pénélope
Défait tout ce qu’il est, pour l’amour qu’il veut voir
Les vertus Ulysséennes, c’est bien d’une autre époque

Un autre vous montrera, ce patchwork d’attentions
Toutes les couleurs mêlées, vous embrouillent comme ses dires
En toute incohérence, il vit de son délire
Et en oublie les lieux, les jours, comme votre nom

Les tricoteurs sont là, ils rodent dans votre vie
En entretien d’embauche, en soirée, même au lit
L a lame de la raison est la seule qui sauvera
Vos cœurs et dignités, qui n’en n’auront plus froid

Actrice


 
 
 
 

 
Elle voulait être actrice, elle y est parvenue
De naître insignifiante, à n’être que l’attention
Même s’il fallut lutter, s’il fallut poser nue
Elle était prête à tout, pour qu’on rappelle son nom

Une étudiante, une mère, une sirène ou une fée
Chaque jour changer de vie, et se croire éternelle
Quand les images cruelles, ne montrent que le passé
Les costumes n’habillent pas, le mal-être qui sommeille

Les feux des projecteurs, brûlent plus qu’ils nous soulèvent
On peut savoir par cœur, des textes et attitudes
Vivre dans le héro qu’on mime, la presse n’a pas de trêve
Et ses tortures savent bien, être aussi froides que rudes

Alors une fois déchue, elle en a perdu pied
Comme elle avait perdue, ses famille et amis
Ses derniers rôles s’appelaient, cocaïne et Martini
Ils se sont fait agents  d’une star morte oubliée

On peut la voir encore, danser, rire et jouer
Toujours si belle et jeune, enfermée à jamais
Sur bandes pelliculées, sépultures animées
Elle avait 26 ans, pour ce crime imparfait                            

Prison










Je vous présente ma chambre, très belle acquisition
Me la prête la justice, je n’dépense pas un rond
La pierre est très cossue, les serveurs silencieux
Même les plats au menu, sont plutôt savoureux

Le lit rudimentaire, a au moins un matelas
Je pense à mes ancêtres qui dormaient sur le sol
Ils attendaient sagement, la lumière du trépas
Moi sur mon téléphone, j’imagine les atolls

Depuis 10 ans ici, j’ai déjà plein d’amis
Pas tous grands criminels, aussi petits délits
J’aime la testostérone, même si le goût varie
Je me sens intégré, de la tête jusqu’au vis

On fait de l’exercice, pas chassés, rondes de jour
J’ai beau tourner sans cesse, je n’y trouve pas l’amour
On ne sait pas où sont, celles du sexe opposé
Dans ma collocation, c’est un peu plus musclé

Encore 23 années dans ce charmant décor
C’est juste un peu ma faute, si mes voisins sont morts
Ce n’est pas si terrible, de vivre la case prison
J’avais déjà perdu, celle qu’ils appellent raison

Alors à chaque aurore, je prie pour rester là
Dehors je dois subir, le pire des maléfices
Devoir le supporter, cet être rempli de vices
Ce Moi bien malhabile, qui en cellule vivra

Cripple














Come on move that thing, make it roll or make it swing
It is part of you now you’re a bird those are you wings
So what you’ve lost that leg, you’ve found two wheels
You will go faster, to where lay your dreams

No one has ever said, life would be easy and still
But still you’ll find that way, to make it pay the bill
Believe in destiny, and accept this has an aim
Maybe to feel free, but you’re not the one to blame

Please don’t go begging for money or compassion
You are again the master of your beliefs and reason
There is no steel that can beat the strength of your wish
But this one will help you forget the idea to vanish

Laugh, cry, shout, but stay alive for me
Because I have been cripple before you appeared
And for all those years, you’ve been so much to me dear
I need you more than this leg that just set itself free

Noel











Je me rappelle Noel, on pouvait voir des gens
Défiant l’autorité, en s’offrant des présents
Et plaçant des couronnes, sur le devant des portes
Moi je n’comprenais pas, qu'on agisse de la sorte

Il faisait chaud chez moi, je n’avais pas idée
Que chez vous il y avait, bottines et cheminées
Pour y quêter cadeaux, mendicité divine
Dans ce monde matériel où la beauté domine

A peine avions-nous droit, de connaitre votre Dieu
Qui comme vous le recréez, dans une étable est née
Sur ma terre ancestrale, enfer brulant des cieux
Que votre mise en scène, a très bien négligé

Quand j’ai foulé vos centres, ou s’entassent tous vos jouets
On ne parle que de neige, de traineaux et de rennes
D’un obèse bien trop rouge, qui dirige ce ballet
Noel était curieux, c’est maintenant une peine

Gardez les vos sapins, cadavres de la nature
Qui vous est bien égale, quand vous brûlez par mille
Des ampoules colorées et des câbles  qui raturent
Le simple que devrait être, votre hommage bien futile

De Riyad à New York, ces deux jours de décembre
Me rappellent amèrement, que chacun vit son monde
Nombrilistes égoïstes,  depuis sa foi immonde
De cette célébration, je n’en vois que les cendres

Stiletto














Tout commence dans la rue, aux fraiches heures de la nuit
J’entends ce clapotis, ce rythme de pas et pieds
Que l’instrument du mal, fait sonner et swinguer
La symphonie du Bronx, dans ces tambours revit

Ces aiguilles qu’elles chevauchent, les élancent vers le haut
Mais invitent tous les mâles, à en perdre ce sens
Car ce sont leurs tréteaux, qui nous offrent l’indécence
Perchés sur leurs talents, talons des Stilettos

La musique est plus dense, quand l’horloge, elle, avance
Et se multiplient là, les genres et les couleurs
Certains invitent vos pupilles, certains fuient, d’autres dansent
C’est une salsa vicieuse, qui fait jouir de douleur

Des hommes fantasmes trop fort, par ces rêves dénudés
Ou ces ballerines montées, ne seraient que l’unique
Elément recouvrant, le corps de celle choyée
Un peu sadique ou chaud, mais de belle esthétique

De nombreux seulement veulent, trouver une Cendrillon
Aux pieds endoloris, et de retour sur Terre
Son piédestal aux mains, l’esprit un peu brouillon
Fini ce tour magique car plus besoin de plaire

Le manteau










C’est dans ce manteau là, dans cette fourrure marron
Que j’ai frôlée, sentie, que j’ai portée parfois
Quand toutes tes attentions, étaient encore pour moi
Que j’ai trouvé ce mot, sanglot de mes violons

Je quittais là d’une brosse, des poils et des cheveux
Qui n’étaient peut-être pas, ceux du chat ou les miens
Combien se sont frottées, contre ce col vaurien
Ou ont posé leurs têtes, sur ces tissages odieux

Pendu dans le couloir, y gisait tristement
Quatre ans d’amour intense, évanouis dans cette lettre
Que je n’osais ouvrir, il le fallait, vraiment
Pendue à ses syllabes, j’y gisais sans l’admettre

Epitaphe bien sévère, de tout ce que j’étais
Une femme, une mère, ou plus, mais tu as décousu
Les boutons un par un, d’une relation trop vraie
Doublée de ce tissu de mensonges bien goulus

Pour finir à l’envers, ce papier j’ai fixé
A l’endroit ou ce jour, j’ai vu qui tu étais
Un adieu au feutre rouge, ma bague, le double des clefs
Et ton manteau, brûlant, comme feu de cheminée

Politicien












Plaire à tout prix, c’est un hobby et peu importe l’intégrité
Ovationné par ceux qui me supportent mon ego explose
Les sondages sont témoins de l’imposture que je leur expose
Intentionnés sont les gens, mais les urnes doivent constater
Tout le besoin de pouvoir qu’il me faut pour exister
Indépendamment des idées pour lesquelles je milite
Chaque denier que je reçois, est le bienfait que je mérite
Immolant la loi par l’irrespect que je lui porte
Et ignorant la condition des gens, car seul mon être vraiment m’importe
Naturellement je parle, je souris et je mens, car finalement c’est mon métier, de l’avoir ce talent

La créature










Je la traque sans relâche, cette bête bien trop féroce
Son psychisme aiguisé pénètre mon âme fragile
Comme un chasseur chassé, par ses erreurs précoces
Je tourne et je vacille, et mes armes se défilent

Monstrueuse créature, tes formes ne m’effraient pas
Tu peux changer de nom, changer tes apparats
Mon but reste le même, de finir victorieux
De ce combat intense, entre nos êtres vicieux

L’empreinte de tes pas sait te trahir parfois
Comme tes parfums hideux qui cherchent à m’envouter
Coupes gorges de ma confiance, je crois ce que je vois
Et ce sont tous mes sens,  que tu veux altérer

Serpent ou araignée, hyène, corbeau ou frelon
Tu es tous les nuisibles, la route de l’Avallon
Si tu dois me blesser, tu n’en seras indemne
Mes vaillantes estocades tomberont ton diadème

Toi créature qui crie, tu crées l’écrin qui croît
Du viol de toute ma vie, qui s’envole comme tu vois
A te viser vainement, vanité du vivant
L a femme est un gibier, qui s’évade comme le vent

Passeport












Mon ami, mon trésor, reste auprès de mon cœur
Le monde, notre jardin, nous attend à cette heure
Des trains, des frontières, des navires et des avions
Accessibles grâce à toi, mon sésame de carton

Chaque fois que je t’effeuille, c’est ma vie que je vois
Mes choix et mes folies, mes plaisirs et mes lois
Les empreintes du voyage, ce qu’elles font et détruisent
J’ai envie que la place, sur tes pages s’amenuisent

Si ta fidélité, doit durer pour dix ans
Alors vivons à fond, cet amour qu’on partage
Découvrir l’inconnu ou revivre le présent
Le stylo de mes yeux est l’encre sur tes pages

Une pensée pour tous ceux, qui t’ont analysé
Inspecté, retourné, qui t’ont même maltraité
Une autre pour ces tampons, qui t’ont bien martelé
Ils ont été témoins, de ce qu’on a été

L'affiche










Je sortais de ce bar, sans prétention aucune
Ni de me faire un autre, ou de battre mes lacunes
Quand se dressa à moi, une bien étrange affiche
D’une ballerine sur un ours, de celles dont je m’entiche

A fixer sans relâche, cette agréable esquisse
Aussi inanimée, que les rêves que je tisse
Fini par arriver, sans que l’alcool s’en mêle
Une simple absurdité, délire intemporel

Elle quitta son papier, paré de colles et d’encres
Pour prendre vie ici, sans peur et sans remord
Elle me sourit béate, puis vola mon décor
D’une révérence étrange, j’étais là dans son antre

Figé comme elle l’était, je ne sentais plus rien
Seuls mes yeux m’éclairaient, dans ce néant humain
Je la vis s’en aller, vers ce je ne sais où
Qui me sembla si loin, que j’en devenais fou

Elle avait pris ma place, ma chance de respirer
La sensation des pas, des odeurs, du toucher
Moi j’étais placardé, sur le moisi du mur,
Un ours là sous mes pieds, comme pathétique peinture

J’en ai vu des passants, des badauds, des mendiants
Ils m’ont tant ignoré, ils me voyaient avant
Un isolement étrange, qui en fait m’apprenait
Que la vie a un sens, quand on sait qui on est

C’est leurs regards perçants, qui te feront un ange
Ou le pire des démons, dans ce miroir étrange
Seul un plus égoïste, pourrais donc me sauver
Me quitter cet autisme, qui me rend saoul à lier

Je trouvai un jour, un ego avarié
Qui ne voyait que lui, dans cette vision tunnel
Aujourd’hui on le voit, dans cette rue affiché
Moi j’ai repris modeste, une vie plus naturelle

On ne saura jamais, ce qu’est donc devenue
Cette charmante ballerine, qui m’avait enseigné
A être plus humble et droit, et mettre mon âme à nu
Mais je lui souhaite au fond, la plus belle destinée

La llave










Encontré hoy una llave, tan parecida a cualquiera
Pero vive en mi mente, esa sencilla pregunta
Que podría abrir, una puerta, un corazón, un idea
O al contrario cerrar algo que desde mucho lo espera

Detrás de la puerta, me pregunto que se esconderá
Un fantasma, la mujer de mis sueños, un cadáver
Aunque me da mucho miedo sé que eso será
Lo que he elegido descubrir, lo que querría ver

Herramienta tan normal, pero al no saber lo que abre
Se multiplican en mi las alegorías y las metáforas
Para mí el futuro es como el pasado que queda atrás
El espíritu que dice que lo que era también lo seré

Veo en esa maldita llave, un pasado no digerido
Una voluntad de sobrevivir en un error abierto
De haber cogido, esa pieza infernal e inútil
Entonces la tiro, cobarde, porque soy ese hombre débil

Finalmente no, me la guardo, abrirá lo que sea
Pero se quedara pegada fuerte a la cadena de mi cuello
Hasta que decido yo, hacerla la brújula de mi destino
Abriré mis opiniones, mi cuerpo, mi cama, quizás mi alma

Boucles




Saltimbanque des pavés, j’errais de pas en pis
Sans même sentir la Terre qui m’attirait vers elle
Automate d’illusions si vénales et charnelles
Je ne connaissais pas même le goût de la vie

Mon quotidien alimentait mes pauvres heures
De rencontres fades et viles, d’amours bien trop labeurs
Les atolls et l’argent ne comblaient ce néant
Je cherchais la sortie de la prison du temps


Jusqu’au jour où, mes yeux, frappés en plein iris
Ont découvert céans le Parfait habité
Dans l’onde des cheveux, d’une inconnue parée
Des plus exquises boucles, du plus fin des délices

Je naviguais sans but, dans cet écrin habile
Qui chavirait mes sens, de son odeur subtile
Les tissus irisés sur cette texture hâlée
M’élevaient au cosmos de ce rêve étoilé
J’effleurai des pupilles, son visage angélique
Pour dessiner ensuite les boucles de son corps
A peine touché d’étoffes légères et adéliques
Une spirale infernale qui me noyait des lors
Elle me guida vers l’eau, ou sans nom ou sourire
Elle quitta le tissu, qui couvrait nos empires
Plongeant nos chaires brulantes, jusqu’aux épaules et cous
N’offrant plus là seulement, que l’important du tout
Dans ce lac nous défîmes, ce qui avait été
L’apparat l’irréel, qu’était ce vent bouclé
Mais les moments éphémères ici dessinés
Ont fait de mon bonheur, un goût d’éternité


Bar










O temple de Bacchus, je remercie mes pieds de m’avoir mené
Jusque dans les entrailles des catacombes de la société
Jusqu’à ton seuil, jusqu’à tes sièges, et ta lumière tamisée
Une religion, un peu païenne pour un amour dévergondé

On te trouve exigüe ou chaleureux, parfois oppressant
Selon l’humeur et les quantités de liquides ingurgités
Chacun retrouve ses démons ou se libère de son passé
Flirtant entre sa raison et ses rêves de changement

Plus les verres caressent le zinc, plus les langues exultent
De mots en actes, on s’attire, pour un baiser ou une insulte
De signes en palabres, on se défait, de nombreux couple ici tombent
L’alcool n’est que l’huile qui alimente la vérité des hécatombes

J’aime admirer les vagues, les heures, toute cette fermentation
D’une salle vide aux verres pleins, d’un troupeau immaculé des degrés
Mais ne restent que des cendres sanctifiées sur l’autel de la boisson
Quand le patron, en bon Saint, ferme ici ton domaine sacralisé

Bal de l'ironie



 
 
 
 
 
 
 
Bienvenus dans le bal de l’ironie, le bal des gens qui s’intronisent
Sauveurs du monde, d’un lieu, d’une personne ou d’un concept
Mais héros dans l’âme des récompenses qu’eux même se reflètent
Leurs égos sont bien meurtris, de l’incohérence qu’ils sympathisent

Quand on se veut le remède encore ne faut-il être la racine
Des maux qu’ici on crée et des erreurs fatales que l’on dessine
J’apaise ma conscience, je te donne mon argent mais pas mon âme
Car dans l’urgence, ce n’est pas le mal mais le sens que l’on désarme

Toi le guerrier qui là a causé le chaos et la peur, puis marqué de cicatrices
La population de ceux qui n’ont rien demandé que leur terre et la vie
Tu seras soigné, logé, nourri, par la neutralité du blanc et sa philosophie
Tu prendras donc les armes, qu’eux même t’offrent pour tes atroces sévices

Toi le boulanger, toi le boucher, toi l’infirmière, toi le chauffeur
Le civilisé prendra le temps d’utiliser ton savoir-faire et ta couleur
Pour atteindre ses objectifs, financiers et politiques qui habitent dans son cœur
Il ne prendra pas la seconde pour te connaitre, toi son humble receveur

Les quatre roues de leurs engins, bien plus gros que vos pieds ou vos charrettes
Vous étoufferont de poussière, la seule cendre vivante de vos cultures et souverainetés
La télévision vous assènera de leurs pensées, de leur vision et de leur vanité
Que relaieront la radio et les journaux, les publicités, leurs produits et leurs vedettes

Toi l’occidental, te rends tu compte de l’ironie de tes actes et ton comportement
Tu parles comme tu respires, tout est si logique qu’il n’existe rien qui te dément
Et pourtant tu ne sais leurs histoires, tu ne sais ce qu’ils sont, tu vis dans les mirages
Dans l’impression, dans l’ignorance de siècles remplis de croyances et de bagages

Quelques mots de swahili, une danse bantoue, un plat thaïlandais, toi tu t’y vois
Tu penses que ce voyage te transporte dans le sang de ceux qui vivent en eux la peine
Tu te penses africain, tu te crois l’autre, tu t’imagines cette autre histoire en veines
Mais le sang rouge que l’on partage n’est pas celui qui habite dans leurs cœurs et voix

Alors avant de voler dans l’ivresse du lointain, écoute la musique qui se transporte
D’un port à l’autre et de son cœur au tien, et oublie ces références que tu colportes
Et assume la différence, comme tu assumes l’unité de la vie et de l’humanité
Ton ONG ne sauvera pas, ni le monde ni ton âme, profites-en donc pour méditer

Moi je me pose observateur, anthropologue des expériences qui là défilent
Je les regarde ces blancs égaux, identiques dans leurs manières et leurs satires
Je vois s’écrire une tragédie grecque où ne survit en fait que les cris des martyres
De ce mensonge, de ce progrès qui réduit le monde à l’ironie que tous empilent.

Microbe



 
 
 
 
Viens en moi petit être incalculable et mange ce qui me reste de santé
Fait moi danser dans les méandres de la maladie et de ton inimité
Tu ne me fais pas peur, je sais te combattre et peux t’apprivoiser
Qui es tu pour penser, que tu peux en moi résider sans payer de loyer

Certains t’évitent, ils sont terrorisé qu’un autre te lance dans leur corps
Si on partage la terre que l’on foule et l’air que l’on respire
Pourquoi ne pas partager la maladie si tel est notre sort
C’est socialement responsable et ca permet a d’autre de guérir

Je t’ai si souvent possédé, microbe, et je ne vais pas m’étendre
Dans ce microscopique poème je ne vais  m’étirer
Personne ne veut te voir et personne ne va t’entendre
Alors je vais me contenter ici, de ne faire que t’oublier

The knife














Your love is a sharpened knife; it cuts into pieces what I believe
My only right to exist, is in the hot pan of your mean convictions
I fry between orders, warnings and all the truth that you deceive
Pour on me your boiling words and give me the final abduction

You slice my desires when we lie on the cutting table
Insipid, insignificant, those are the words of my fable
I once thought you would bake me in the oven of happiness
But what you do is to you take me into a cloven loneliness

Your behavior chopped my all confidence in human kind
I didn’t think one could be so heartless, sure you took yours away
Although I melt into the curves of your body and your brightness of mind
It doesn’t mean you can stab my feelings and run through what I say

Your love is a sharpened knife; a long sword, a war hammer
I am just the ashes of all the time and love you have slaughtered
Just remember that even if you possess such a weapon in your sheath
Someone will always have a stronger way to make you lose your breath

Bricks









My forever today we put on this ground the first brick of our love
No fairies, no magicians, no rainbow, no priest, not even a dove
Whatever this building will be, no earthquake will destroy our castle
Because what we believe is so much more than the hates and the hassles

Bricks after bricks we will struggle to make that piece become a home
Every single grade that will warm up our hearts, from this complex kind of Tetris
Will be considered as a success, an aim, an amazing power to support our dome
No matter what they feel, what they say or what someone thinks or sees

A natural mix of earth and water, to build a natural wish of stability
Is what we work for in that matter, what brings us to sustainability
We don’t even have to paint it, as long as we will call it ours
This is where we will spend our lives and kill our simple hours

A brick, added to another is just a piece in that weird jigsaw
But means a world for any wall that will fall or grow
Take that brick with me, don’t break it and make it real
Things will survive us; our heritage exists yet in this will

Le paon










Bienvenue à la basse-cour musicale, s’y déhanchent de variés animaux
Fourrures, plumes et artifices agrémentent ces cuirs de leurs couleurs
Qui se fera voir, qui se fera choyer ? Pas l’espoir dans ce tableau
D’hurlements, de frottements, d’excès et vaines ardeurs

Quand les volailles, les ovines et les rapaces se montrent à mes yeux
Un autre je préfère à admirer, car ici il n’a pas son pareil
Majestueux et grand, il n’a de limite que son ego volumineux
Son regard assuré n’efface nullement, ce que son plumage balaye

Le paon est maitre en ces lieux, dans chaque vibration musicale
Il y glisse en rythme son pas, comme il glissera en ces femmes
Toute sa beauté qu’il dévoile, donne le ton de ce vil carnaval
Les projecteurs n’ont plus que son corps comme retour de flamme

Il n’est pas ridicule, il est fin, souvent même plutôt intelligent
Il sait ce qu’il veut, elles, pertinemment ce qui les attend
Glousse, glousse mon beau paon, ton ramage est tout ce qui importe
Même si une fois repu, tu ne viendras plus frapper à ma porte

J’ai muté parfois en paon, j’ai écarté mes ailes pour amadouer
Mais finalement dans ce jeu de dupe, le paon n’est pas toujours le maitre
Car l’image qu’il reflète le dessert autant qu’elle augmente son mal-être
Les plumes fanent finalement, comme fane sa pseudo virilité

L'heure




 
 




Il était 18h34, un jour de pluie comme il y en a tant d’autres à Paris
Le téléphone à sonné, ma mère a changé de couleur et moi de vie
Mon père était parti, dans le néant, sans même donner rendez-vous
Ne sonnez plus chez le docteur Hirat, il n’est plus parmi nous

Il était 3h30 ce matin là, une soirée d’abus, de boisson et de filles
Tout pour faire un jour typique, des heures simples qu’on déshabille
Puis cette image sur l’écran du bar, des tours en feux, toute une panique
Le terrorisme venait de frapper le monde de sa nouvelle logique

14h30, pas de cloche ni de riz, mais bien une bague à nos deux doigts témoins
Deux oui sans hésitation, mais avec tout l’artifice des coutumes de nos aïeux
On se dit que ca va durer, que dans l’amour et dans le temps on ira loin
Mais finalement chaque heure passée a achevé là où on est allés un peu

00h00, c’est l’heure qui m’entraine dans les méandres de la peur et de l’envie
Le bilan d’un jour et les projets du suivant, la balance entre les eaux perdues
C’est l’heure qui inspire, qui mène vers les songes ou vers une douce insomnie
C’est l’heure qui dit, oui je voudrais ou non s’y jamais seulement su

L’heure, c’est le point ou tout commence, ou tout s’arrête ou tout prend sens
Ou tout perd à jamais, c’est un avant et un après, c’est tout ce qui danse
Tout ce qui s’écroule, se calcule, se déchire,  se terrorise, ce qui va naître ou tue
Mais finalement, les heures ne sont que mathématiques, alors n’y pensons plus

Chaussures



 
 
 

 
Je me rappelle le temps ou fraiche et fringante, je traversais les tapis
Les machines électriques, les tubes et les sprays, sans savoir mon chemin
Nous étions des milliers, semblables et innocents, sur les routes de l’infini
Nous avancions toujours plus vite vers nos destinées de baladins

C’est au détour d’une route que je l’ai trouvée comme elle m’a dénichée
Pas de négociations, pas de temps perdu, même pas le temps de se demander
Si tout ca était écrit, ou si la société en avait seulement décidé ainsi
Côte à côte nous nous installions donc, dans ce foyer fait pour nos deux vies

Elle ressemblait tant à ce que j’avais besoin, une identité semblable à mon être même
Dans ces atours de velours rouges, je me perdais, comme elle se perdait dans les miens
Tous ces voyages étaient beaux, de la maternité aux domiciles ou l’on n’y voyait rien
Son élégance, sa persévérance et sa fidélité étaient et sont encore tout ce que j’aime

Un jour on nous a sortis, de cette obscurité qui n’était pas si pénible à ses côtés
Et ensemble on a brillées, foulées à maintes reprises les tapis de ce cet endroit
Un défilé quotidien d’êtres à cinq têtes, jumeaux, qui nous prenaient pour essayer
Nous comprenions qu’un jour ils feront de nous plus qu’un essai mais un choix

C’est un jour de pluie que le maître de magnifiques monstres multi-céphalées
Nous a prises ensemble, dans un enthousiasme indescriptible et calculé
Et pour tant de lunes et soleils, nous a choyées, nous en avons parcourus
Des sols et des demeures, associées à la chaleur de nos bourreaux nus

La compétition était ardus, d’autres que nous, plus jeunes et plus alertes
Venaient s’ajouter au surnombre qui dans cette immeuble s’entassèrent
De toutes les formes et les couleurs, ils allaient tous aussi d’amour et de paire
Nous sentions chacune que ce chaos nous mèneraient un jour à la perte

Un jour arriva, ou mon amour, ma vie, celle avec qui j’avais tout vécu
Rompis sa jambe sur un maudis pavé, j’ai souffert autant que j’ai résisté
Mais c’était trop tard, plus d’immeuble, plus de voyage plus de monstres nus
Et nous voilà encore enfermées dans ce foyer, certainement pour l’éternité

Chaînes











Quel sentiment t’habite, quand il ne te reste que ton âme et tes yeux
Pour écouler ta peine, et que le seul lien qui te fait vivre est d’acier
Comment chaque réveil ne parait-il pas un châtiment de plus à endurer
Quand tes mains n’ont d’autre maitre que des anneaux calomnieux

Quand tes souffrances n’ont plus comme noyau ta couleur ou tes idées
Mais que la peur l’emporte sur tout ce qu’il subsiste de ton être annihilé
Quel espoir peut réveiller le peu d’humanité qui reste dans ton cœur mort
Tu peux crier, tu peux gémir, tu es l’esclave des choix qu’ils abhorrent

Les maillons glissent le long de tes chevilles et de tes poignets meurtris
Les souvenirs de la liberté ne sont que l’utopie d’une ancienne vie
Et tous les tiens qui gisent à tes côtés, punis par les mêmes geôliers
Sont incapables de s’unir à ta rancœur, à ton pardon, à ta pitié

A tous ceux qui, enchainés par le fer, la maladie ou la philosophie
Croupissent dans la solitude, la frustration, et qu’en finir est devenu l’envie
Je vous dédie la liberté de mes mots qui dans mon cœur la foudre déchainent
Pour vous dire que vos idéaux et vos histoires, survivront le froid de vos chaînes

Quand on rompt ces nœuds qui nous étouffent, on comprend le prix de la liberté
Et on ne peut que se promettre, que la justice soit toujours faite, l’homme respecté
Et la vengeance ne guérira ni le froid des prisons, ni la douleur qui vous a menotté
Les limites qu’on vous a imposées, seront les racines d’un avenir qui va briller