Otages











La fureur de leurs mots hante encore mes nuits blanches
Leurs cris ont scarifié mon âme de jeune adulte
Leurs faces dissimulées derrière des masques d’insultes
D’une peur et d’une souffrance que chaque horreur déclenche

Il était 18 heures, un jeudi si banal
Nous attendions la fin, d’un cours de maths lambda
Pensant déjà au soir, pas d’une manière létale
Comme ils l’ont exposé, mais plus fun et sympa

Je vois encore le sang du prof gicler au mur
Sa poitrine transpercée d’au moins deux ou trois balles
Ces hommes et femmes armés de la rage qui épure
Dans la mort et la haine, leurs idées de Vandales

Des filles pleuraient déjà, Clément s’est évanoui
J’urinais dans mon jean et Pierre perdait la vie
En tentant de s’enfuir par la fenêtre ouverte
Nous étions bloqués là, sans même donner l’alerte

Dans un français parfait, ils ont donné les ordres
En groupe et en silence de s’asseoir dos au mur
Nous étions des sales blancs, avec des cous à tordre
Et eux des simples martyrs, que leur croyance rassure

 Cette nuit fut bien trop longue, je voulais bien mourir
S’ils épargnaient Julie, mon unique raison d’être
Mais qui pouvait prévoir, la violence et les tirs
Quand personne ne savait, quoi faire ou où se mettre

A 5h du matin, Niamey était déserte
Mais au lycée français, les vitres ont explosées
Le monde s’est écroulé, quand j’étais libre, certes
Mais elle avait péri, mon cœur à ses côtés  

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